LES FRERES KARAMAZOV. 125
d'unité? N'y aurait -il pas une fraction de fraction?
— Zéro absolu.
— Alioscha, y a-t-il une immortalité?
— Oui.
— Tu crois donc en Dieu et en l'immortalité?
— Oui. C'est en Dieu que se fonde l'immortalité.
-^ Hum! je crois que c'est Ivan qui a raison. Dieu de Dieu ! quand on pense à tout ce que l'homme a gaspillé d'énergie en de chimériques croyances depuis tant de milliers d'années! Qui donc s'amuse alors, Ivan, à tourner ainsi en dérision l'humanité ?
— Le diable, probablement, ricana Ivan.
— Y a-t-il donc un diable?
— Eh! non.
— Tant pis! Ce ne serait pas assez de pendre le fou qui a le premier imaginé Dieu !
— Sans cette imagination, il n'y aurait pas de civili- sation.
— Comment cela?
— Et il n'y aurait pas de cognac non plus , oui , de ce bon cognac que je suis obHgé de vous enlever.
— Attends! attends! attends! Encore un petit verre! J'ai offensé Alioscha. Tu ne m'en veux pas, Alexey, mon cher petit?
— Non, je vous connais; votre cœur vaut mieux que votre tète.
— Mon cœur vaut mieux que ma tête ? Et c'est toi qui dis cela?... Ivan , aimes-tu Alioscha?
— Oui, je l'aime.
— Tu as raison. . . v.i.ci cher.
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