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LES FRÈRES KARAMAZOV. 121

Pavlovitch possédait une centaine de livres, mais personne ne le vit jamais en ouvrir un seul. Il donna aussitôt la clef de sa bibliothèque à Smerdiakov.

— Bon, sois mon bibliothécaire. Assieds-toi et lis. Tiens, commence par ce livre.

C'étaient les Soirées à la campagne, près de Dikagnka '. Ce livre ne satisfit pas Smerdiakov. 11 le referma d'un air morne, sans avoir ri une seule fois.

— Eh bien, ce n'est pas amusant? lui demanda Fédor Pavlovitch.

Smerdiakov resta silencieux.

— Réponds donc, imbécile!

— Tout ça, ce sont des mensonges, dit Smerdiakov.

— Va- t'en au diable, âme de laquais! Attends, voici YHisioire unixerselle, deSmaragdov. Ici. tout est vrai. Lis.

Mais Smerdiakov n'en lut pas dix pages. Cela l'ennuyait. La bibliothèque cessa de l'intéresser.

Bientôt Marfa et Grigory rapportèrent à Fédor Pavlo- vitch que, peu à peu, Smerdiakov était devenu très-délicat, très-dégoiité : il restait longtemps immobile devant son assiette de soupe, puis prenant une cuillerée, il la regar- dait à la lumière.

— il y a un cafard? lui demandait Grigory.

— Une mouche, peut-être? ajoutait Marfa.

Le jeune homme ne répondait jamais, mais il faisait de même avec le pain, la viande, tous les mets. Fédor Pav- lovitch, apprenant cette nouvelle lubie, décida aussitôt que Smerdiakov avait la vocation de cuisinier, et l'envoya étu-

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