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116 LES FRÈRES KARAMAZOV.

— Non, aujourd'hui elle ne viendra pas, je vois cela à certains indices particuliers. Sûrement elle ne viendra pas. C'est aussi l'avis de Smerdiakov. Le père est en train de boire. 11 est à table avec Ivan. Va donc. Alexey, demande- lui ces trois mille.

— Mitia, mon cher, mais qu'as-tu donc? s'écria Alioscha, se levant pour regarder de plus près Dmitri, craignant un instant qu'il ne fût devenu fou.

— Quoi? tu me crois fou? dit d'un air solennel Dmitri Fédorovitch. Je sais ce que je dis, je crois aux miracles.

— Aux miracles ?

— Aux miracles de la Providence. Dieu sait mon cœur. Dieu sait mon désespoir : laissera-t-il s'accomplir un si ter- rible malheur? Alioscha, je crois aux miracles. Va!

— J'irai. Dis-moi : tu m'attendras ici?

— Oui. Ce sera long. Il est soûl, à cette heure. J'atten- drai ici trois, quatre, cinq, six heures. Mais il faut que ce soit fait aujourd'hui, fût-ce à minuit; il faut que tu ailles aujourd'hui chez Katherina Ivanovna, avec ou sans argent; et tu lui diras : « Dmitri Fédorovitch m'a dit de vous saluer. > C'est cette phrase, textuellement, que lu dois dire.

— Mitia, et si Grouschegnka vient aujourd'hui... ou demain, ou après-demain ?

— Grouschegnka? Je vais les épier, je courrai et j'empêcherai...

— Et si...

— Et si... alors je... tuerai.

— Qui tueras-tu?

— Le vieux.

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