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LES FRÈRES KARAMAZOV. 115

qu'on lui a dit sérieusement hier pour la première fois — remarque bien, sérieusement — que Grouscliegnka parle peut être sérieusement de ni'épouser. Eh bien ! ira-t-il me donner de l'argent pour faire les frais de mes noces, quand il est lui-même fou d'elle? Plus encore : je sais que depuis cinq jours déjà, il a mis de côté trois mille roubles en billets de cent, dans un seul paquet scellé de cinq sceaux et noué d'une ficelle rouge. Ilein ? je suis informé! Et sur le paquet est écrit : A mon ange Grouschegnka , si elle consent à venir chez moi. Il a écrit lui-même cela, furtive- ment, et personne ne sait qu'il a cet argent, personne, sauf son valet Smerdiakov, en l'honnêteté de qui il croit comme en lui-même. Et voilà quatre jours qu'il attend Grouschegnka, espérant qu'elle viendra chercher son paquet, car elle lui a écrit : « Peut-être viendrai-je ! » Si elle va chez lui, puis-je l'épouser? Comprends-tu pour- quoi je me cache ici et qui j'épie?

— Elle?

— Elle. Je suis ici grâce à la complaisance du soldat qui garde cette maison : le maître ignore que je suis ici, et le soldat ne sait pas pourquoi j'y suis.

— Smerdiakov seul le sait?

— Oui, c'est lui qui me fera savoir si elle va chez le vieux.

— C'est lui qui t'a conté l'histoire du paquet?

— Oui, c'est un grand secret. Ivan lui-même n'en sait rien. Le vieux l'a envoyé se promener dans une ville voi- sine pour deux ou trois jours, sous prétexte d'affaires, espérant que Grouschegnka viendra pendant ce temps.

— Il l'attend par conséquent aujourd'hui?

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