Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES FRÈRES KARAMAZOV. 113

un pickpocket, Dmitri Karamazov ne le peut. Eh bien, je le suis pourtant, ce voleur! Quand j'allais pour battre Grouschegnka , le matin du même jour, Kalherina Iva- novna m'avait appelé et mystérieusement prié, je ne sais pourquoi , d'aller dans le chef-lieu et d'envoyer de là trois raille roubles à Agafia Ivanovna, à Moscou. Eh bien , c'est avec ces trois mille roubles que j'ai offert le Champagne à Grouschegnka. Puis, j'ai prétendu être allé au chef- lieu, avoir envoyé l'argent; mais j'avais oublié le récépissé! Qu'en penses- tu? Aujourd'hui tu iras lui dire : « H me prie de vous saluer. » Elle te demandera : « Et l'argent? » Tu répondras : « C'est un sensuel, un viveur sans cœur. Il a dépensé votre argent, il n'a pu résister à la tenta- tion. » Pourtant! si tu avais pu ajouter : « Ce n'est pas un voleur! Voici vos trois mille roubles; envoyez-les vous- même à Agafia Ivanovna et recevez les hommages de Dmitri Fédorovilch! » Mais maintenant : « Où est l'ar- gent? >

— Mitia, tu es malheureux, mais moins que tu ne penses; ne te tue pas de désespoir!

— Crois-tu que je vais me tuer pour cela? Non! non pas! Je n'ai pas la force, maintenant. Plus tard, peut-être. Maintenant... maintenant, je vais chez Grouschegnka.

— Et puis?

— Et puis, je l'épouserai, si elle daigne m'agréer; et quand ses amants viendront, j'irai dans la chambre à côté, je cirerai même leurs bottes, je ferai chauffer son samo- var , elle m'emploiera pour ses courses...

— Katherina Ivanovna comprendra tout, dit solennel- lement Alioscha; elle comprendra tout et pardonnera.

�� �