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104 LES FRERES KARAMAZOV.

n'était pas une pensionnaire innocente, qu'elle avait du caractère, de l'orgueil et une vertu solide, surtout beau- coup d'intelligence et d'instruction, tandis que je n'avais ni l'une ni l'autre. Penses-tu que je prétendais à sa main? Point. Je voulais seulement la punir de n'avoir pas com- pris quel homme je suis, et je continuai ma vie de casse- tout. Mon colonel me mit aux arrêts pour trois jours. A ce moment, je reçus du père six mille roubles contre une renon- ciation formelle à tous mes droits sur la fortune de ma mère. Je n'étais au courant de rien. Jusqu'à ces derniers temps, jusqu'à ce jour même, je n'ai rien compris à tous nos comptes entre mon père et moi. Mais au diable celai nous y reviendrons. Donc, possesseur de ces six mille roubles, j'appris par la lettre d'un ami que notre colonel était en disgrâce, qu'on le soupçoimait de malversations. En effet, le général vint lui faire des remontrances. Bientôt après, on le contraignit de donner sa démission. Là-dessus, je ren- contrai un jour Agafia Ivanovna (nous étions toujours amis), etjeluidis: « Votre pèreaundéficit de quatre mille cinq cents roubles. — Comment? lors du récent passage du général la caisse était au complet! — Oui, lors du passage du général, mais maintenant? — Ne m'effrayez pas, je vous en prie. Où avez-vous appris cela? — Rassurez- vous, dis-je, je ne le dirai à personne; en tout cas, si par hasard on demande à votre père les quatre mille cinq cents roubles et s'il ne les a pas, au lieu de le faire passer au conseil et pour lui épargner la dégradation, envoyez-moi seulement votre sœur (j'ai de l'ar- gent), je lui donnerai la somme, et personne n'en saura rien. — Ah ! dit-elle, quel vaurien vous êtes ! (Elle ne se trompait pas!) Quel méchant vaurien! Mais, voyez- vous!... quelle

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