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I

Le jour fatal

Le lendemain des événements que nous avons narrés, à dix heures du matin, la séance du tribunal s’ouvrit et le procès de Dmitri Karamazov commença.

Je dois déclarer au préalable qu’il m’est impossible de relater tous les faits dans leur ordre détaillé. Un tel exposé demanderait, je crois, un gros volume. Aussi, qu’on ne m’en veuille pas de me borner à ce qui m’a paru le plus frappant. J’ai pu prendre l’accessoire pour l’essentiel et omettre des traits caractéristiques… D’ailleurs, inutile de m’excuser… Je fais de mon mieux et les lecteurs le verront bien.

Avant de pénétrer dans la salle, mentionnons ce qui causait la surprise générale. Tout le monde connaissait l’intérêt soulevé par ce procès impatiemment attendu, les discussions et les suppositions qu’il provoquait depuis deux mois. On savait aussi que cette affaire avait du retentissement dans toute la Russie, mais on ne pensait pas qu’elle pût susciter une pareille émotion ailleurs que chez nous. Il vint du monde, non seulement du chef-lieu, mais d’autres villes et même de Moscou et de Pétersbourg, des juristes, des notabilités, ainsi que des dames. Toutes les cartes furent enlevées en moins de rien. Pour les visiteurs de marque, on avait réservé des places