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— Voici le docteur ! » dit Ninotchka qui avait tout le temps gardé le silence.

En effet, une voiture qui appartenait à Mme Khokhlakov venait de s’arrêter à la porte. Le capitaine, qui avait attendu le médecin toute la matinée, se précipita à sa rencontre. « Maman » se prépara, prit un air digne. Aliocha s’approcha du lit, arrangea l’oreiller du petit malade. De son fauteuil, Ninotchka l’observait avec inquiétude. Les écoliers prirent rapidement congé ; quelques-uns promirent de revenir le soir. Kolia appela Carillon, qui sauta à bas du lit.

« Je reste, je reste, dit-il précipitamment à Aliocha ; j’attendrai dans le vestibule et je reviendrai avec Carillon quand le docteur sera parti. »

Mais déjà le médecin entrait, un personnage important, en pelisse de fourrure, avec de longs favoris, le menton rasé. Après avoir franchi le seuil, il s’arrêta soudain, comme déconcerté ; il croyait s’être trompé : « Où suis-je ? » murmura-t-il sans ôter sa pelisse et en gardant sa casquette fourrée. Tout ce monde, la pauvreté de la chambre, le linge suspendu à une ficelle, le déroutaient. Le capitaine s’inclina profondément.

« C’est bien ici, murmura-t-il obséquieux, c’est moi que vous cherchez…

— Snié-gui-riov ? prononça gravement le docteur. Mr Sniéguiriov, c’est vous ?

— C’est moi !

— Ah ! »

Le docteur jeta un nouveau regard dégoûté sur la chambre et ôta sa pelisse. La plaque d’un ordre brillait sur sa poitrine. Le capitaine se chargea de la pelisse, le médecin retira sa casquette.

« Où est le patient ? » demanda-t-il sur un ton impérieux.


VI

Développement précoce

« Que va dire le docteur ? proféra rapidement Kolia ; quelle physionomie repoussante, n’est-ce pas ? Je ne puis souffrir la médecine !

— Ilioucha est condamné, j’en ai bien peur, répondit Aliocha tout triste.

— Les médecins sont des charlatans ! Je suis content