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Je le répète, il est tout à fait habituel que nos romantiques deviennent des fripons en affaires (j’emploie le mot fripon par amitié), qu’ils témoignent soudain d’une telle connaissance et d’un tel flair, que le public et l’administration émerveillés n’ont qu’à claquer la langue de surprise.

Leur diversité est vraiment surprenante, et Dieu sait ce qu’elle peut devenir, et comment elle peut se développer dans les circonstances ultérieures, et ce qu’elle nous promet dans l’avenir. Mais l’étoffe ne serait pas mauvaise au fond, Monsieur ! Je ne vous le dis pas par patriotisme ridicule ou banal ! Cependant je suis sûr que vous croyez encore que je plaisante. Et peut-être, serait-ce le contraire ; c’est-à-dire, peut-être croyez-vous que je parle sérieusement ? En tout cas, Messieurs, je regarde les deux opinions comme un honneur et comme un plaisir particulier. Excusez ma digression.

Avec mes collègues, certainement, l’amitié ne durait pas et je me brouillais bientôt, et, à cause de ma jeunesse et de mon manque d’expérience, je cessais de les saluer ; tout était rompu. D’ailleurs, cela ne m’était arrivé qu’une fois. En général, j’étais toujours seul.

Chez moi, d’abord, je lisais surtout. Je voulais que les impressions extérieures étouffassent tout ce qui bouillait en moi. Et parmi les impressions extérieures, il n’y avait que la lecture qui me fût possible. Bien entendu, la lecture m’était d’un grand