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dence m’obligeait de souhaiter ton mariage avec Mozgliakov ! Quant au prince, tu n’aurais avec lui aucune comédie à jouer. Il va sans dire que tu ne pourrais l’aimer d’amour. D’ailleurs, il est lui-même incapable d’exiger un tel amour…

— Mon Dieu ! quelle sottise ! Je vous assure que vous vous trompez du tout au tout ; je n’entends pas me sacrifier, — j’ignore d’ailleurs dans quel but. Sachez que je ne veux pas me marier. Je n’épouserai personne ; je resterai fille. Vous m’avez torturée pendant ces deux ans parce que j’ai refusé tous les épouseurs, mais il faudra bien en prendre votre parti : je ne veux pas, et voilà tout !

— Zinotchka, ne t’emporte pas, pour l’amour de Dieu, sans m’écouter, ma petite amie ! Quelle tête ardente ! Laisse-moi te montrer la chose à mon point de vue, tu tomberas d’accord avec moi. Le prince peut vivre encore un an, deux peut-être, mais c’est tout le bout du monde. Or, mieux vaut