mon ennemie mortelle. Le soir, ce fou, regrettant déjà son horrible action, essaye par sottise de s’empoisonner ! En un mot, un scandale terrible. Cette pécore de Nastassia vient, tout effrayée, annoncer que depuis une heure Natalia Dmitrievna est en possession de la lettre : avant deux heures, toute la ville clabaudera ta honte. Je me raidis pour ne pas tomber inanimée. Quel coup, Zina ! Cette effrontée, cette misérable !
Nastassia demande deux cents roubles pour ressaisir la lettre. Je cours moi-même, chaussée de souliers légers, à travers la neige pour engager chez le juif Bumschtein mon fermoir, souvenir de ma vertueuse mère : deux heures après, j’ai la lettre. Nastassia l’a volée : elle a brisé un coffret et ton honneur est sauf.
Pas de traces ! Mais quelle journée d’angoisses ! Le lendemain même, j’aperçus parmi mes cheveux des fils blancs, — les premiers, Zina ! Tu compris alors toi--