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souvenir me met hors de moi ! Je refusai mon consentement. Aucune influence ne put t’arrêter. Naturellement ton père resta neutre, ayant été incapable de me comprendre quand je lui expliquai de quoi il s’agissait et ne sachant que cligner de l’œil. Tu continues tes relations avec ce gamin, tu lui fixes même des rendez-vous et, ce qui est plus terrible que tout, tu as l’audace de lui écrire ! Aussitôt les cancans commencent à circuler. On fait devant moi des allusions blessantes. On se réjouit déjà, on embouche les mille trompettes de la calomnie. Là-dessus mes prévisions se réalisent de point en point. Vous avez une querelle où il se montre indigne de toi. Il te menace de montrer tes lettres, et toi, prise d’une juste indignation, tu lui donnes un soufflet… Oui, Zina, je connais aussi cette circonstance, je sais tout, — je sais tout ! Le malheureux, le jour même, communique une de tes lettres au misérable Zaouchine et, une heure après, cette lettre est chez Natalia Dmitrievna,