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— Mais tu m’insultes, mon enfant ! Ne vois-tu donc pas que je suis résolue à tout, à tout, pour faire ton bonheur ?

Zina regarde sa mère de son singulier air dépité et ironique.

— Ne désirez-vous pas que j’épouse le prince pour faire mon bonheur ? demande-t-elle avec un sourire étrange.

— Je ne t’ai pas soufflé un mot de cela, mais puisque nous en parlons, je te dirai que, si cela se pouvait, ce serait en effet ton bonheur.

— Et moi je trouve cela puéril, s’écrie Zina avec emportement, puéril, puéril, puéril ! et je trouve encore, maman, que vous avez beaucoup trop d’imagination : vous êtes une femme poète ; d’ailleurs on vous appelle ainsi à Mordassov. Vous êtes toute en projets. Les impossibilités ne vous arrêtent pas. J’ai pressenti, dès que j’ai vu le prince, que cette idée vous viendrait. Quand Mozgliakov le tournait en dérision et prétendait qu’il faudrait le marier, j’ai lu