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même, au contraire, très dure pour lui quand j’en parlais.

— Et moi, c’est une autre chose qui m’étonne. Autrefois vous le défendiez, et maintenant, c’est vous qui le condamnez.

— Je l’avoue, j’ai désiré ce mariage ! Il m’était pénible de le voir toujours triste. Je comprenais si bien ta tristesse, — car je suis capable de la comprendre, quoi que tu puisses penser de moi. — Je n’en dormais plus ! Enfin je suis convaincue que seul un grand changement dans ta vie pourrait te sauver, et ce changement, il faut que ce soit le mariage. Nous ne sommes pas riches, nous ne pouvons aller faire un tour à l’étranger. Les ânes qui peuplent cette ville s’étonnent de te voir encore fille à vingt-trois ans et inventent des fables à ce propos. Mais puis-je donc te donner pour mari un conseiller de cette sotte ville ou Ivan Ivanitch, notre avoué ? Y a-t-il ici des maris possibles pour toi ? Certes, Mozgliakov n’est qu’un fat, et pourtant c’est encore, de tous,