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vous ? Mais il a la barbe aussi longue qu’une principauté allemande !

— Mais oui, une principauté. En général, mon ami, tes conclusions sont très justes. Mais c’est une fausse barbe. Imaginez-vous ! On m’envoie un catalogue : il vient d’arriver de l’étranger un échantillon d’excellentes barbes pour cochers et gentlemen : favoris, espagnoles, impériales, etc. ; le tout de la meilleure qua-a-lité, à des prix très modé-é-rés. Alors je demande qu’on m’envoie une barbe, pour voir comment c’est fait une barbe de cocher. On me l’envoie : ma-a-gnifique ! Mais celle de Théophile était deux fois plus longue. Je me trouvais bien embarrassé : fallait-il renvoyer la barbe postiche ou raser Phéophile ? Je réfléchis longuement et me déterminai pour la barbe artificielle.

— Vous préférez l’art à la nature, mon petit oncle ?

— Mais oui !… Comme il souffrit quand on le rasa ! On aurait dit que chaque poil