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troisièmement noble, quatrièmement pauvre, cinquièmement très honnête. Vous l’aimerez, vous le soignerez, vous chasserez sa geôlière, vous emmènerez le prince à l’étranger, vous lui ferez manger de la bouillie et des bonbons… Tout cela jusqu’au jour où il quittera ce monde de douleurs, ce qui arrivera dans un an, dans deux mois peut-être ; alors vous resterez princesse, veuve, riche et, pour la peine, vous épouserez un marquis ou quelque général. C’est joli, n’est-ce pas ?

— Ah ! mon Dieu ! comme je l’aimerais, ne fût-ce que par reconnaissance, s’il demandait ma main ! s’exclame Mme Ziablova.

Ses yeux jettent des éclairs.

— Mais… des rêves !…

— Des rêves ? Voulez-vous qu’ils se réalisent ? Demandez-moi seulement de m’employer à vous obtenir ce bonheur. Et je vous donne un doigt à couper que vous serez aujourd’hui même la fiancée du prince.