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Il vous faut renoncer à Doukhanovo, au moins pour quelque temps.

— Abso-o-lument. J’y suis décidé, je veux me soigner à l’hydrothé-é-rapie.

— À l’hydrothérapie ?

— Mais oui, c’est ce que je disais, à l’hydrothé-é-rapie. Je me suis déjà soigné à l’hydrothérapie. J’étais aux eaux. Il y avait une dame de Moscou, j’ai oublié son nom, une femme très poétique, soixante-dix ans environ ; elle avait une fille d’une cinquantaine d’années avec une taie sur l’œil. Toutes deux parlaient presque toujours en vers. Il lui était arrivé un malheur. Dans un accès de colère, elle avait tué son domestique. Elle a eu des démê-mêlés avec la justice. Alors on me mit au régime de l’eau ; du reste, je n’étais pas malade : mais on me répétait : « Soignez-vous ! soignez-vous ! » Et moi, par délicatesse, je me mis à boire de l’eau et, en effet, je me sentis soulagé. Je bus et je bus ! je bus et je bus ! J’en ai bu tout un lac… Une belle chose que