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sonne !… Mais vous êtes un homme perdu, prince ! Demandez à quelqu’un des amis qui vous sont restés fidèles, tous vous le diront comme moi : vous êtes un homme perdu.

— Vrai-ai-ai-ment ? traîne le prince.

— Je vous assure… Je vous dis cela comme si j’étais votre sœur, parce que je vous aime, — car le souvenir du passé m’est sacré. Quel intérêt pourrais-je avoir à vous tromper ? Non, il faut absolument changer de vie, autrement vous mourrez…

— Ah ! mon Dieu ! vais-je mourir si vite que ça ? s’écrie le prince épouvanté. Mais vous avez deviné : les hémorroïdes me torturent, surtout depuis quelque temps… et quand les crises me prennent, j’ai des symp-tô-ô-mes é-tonnants. Je vais vous les décrire d’abord… en détail.

— Petit oncle, vous raconterez cela une autre fois. Pour l’instant ne serait-il pas temps d’aller nous promener ?

— Mais oui, soit, une autre fois ; c’est peut-être sans intérêt… Pourtant la maladie