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voilà… en général… beaucoup d’occu-cu-pations. Tantôt je me repose, tantôt je me promène en imaginant des choses…

— Vous devez avoir beaucoup d’imagination, petit oncle.

— Beaucoup, mon cher. Parfois il m’arrive d’imaginer des choses dont ensuite je m’étonne moi-même. Quand j’étais à Kadouievo… À propos, n’étais-tu pas le vice-gouverneur à Kadouievo ?

— Moi, petit oncle ? Que dites-vous, de grâce ! s’exclame Pavel Alexandrovitch.

— Et moi qui te prenais pour lui… Je me disais : Pourquoi donc est-il si changé ?… car l’autre avait une figure imposante, spirituelle… un homme extra-a-ordinai-ai-rement intelligent. Il composait sans cesse des vers de circonstance. De profil, on aurait dit d’un roi de cœur.

— Non, prince, interrompt Maria Alexandrovna, cette vie vous perdra, je vous jure ! S’enfermer pour cinq ans dans une solitude ! Ne voir, n’entendre per-