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IV

Au premier abord, vous ne prendriez pas le prince pour un vieillard, mais, à l’examiner de plus près, vous verriez bien que c’est un cadavre mû par des ressorts ; on a employé tous les artifices pour travestir cette momie en adolescent. Une perruque étonnante, des favoris, des moustaches postiches d’un noir d’ébène couvrent la moitié du visage. Les joues sont très habilement peintes ; pas de rides : où sont-elles ?… Mis à la dernière mode, on dirait qu’il sort d’une gravure de tailleur. Il porte une sorte de visite, c’est-à-dire quelque chose de très élégant fait tout exprès pour les visites du matin. Des gants, une cravate, un gilet, le tout d’une éclatante blancheur et d’un goût raffiné. Le prince boite un peu, mais