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et il me répond. Voilà jusqu’à ce jour toute notre parenté…

— C’est Dieu lui-même qui vous a inspiré de me l’amener. Je ne puis songer sans trembler qu’il aurait pu descendre ailleurs que chez moi. Ou l’aurait dévoré ! On se serait jeté sur lui comme sur un trésor, comme sur une mine !… On l’aurait dévalisé peut-être ! Vous ne pouvez vous imaginer quelles âmes avides, viles et rusées habitent Mordassov.

— Ah ! mon Dieu ! mais où l’aurait-on mené ailleurs que chez vous ? Que dites-vous là, Maria Alexandrovna ? intervint Nastassia Petrovna, la préposée au thé. Ce n’est pas chez Anna Nikolaïevna, toujours !

— Cependant, pourquoi reste-t-il si long temps ? C’est étrange ! dit Maria Alexandrovna en se levant avec impatience.

— L’oncle ? Mais il en a encore pour cinq heures ! D’ailleurs, vous savez qu’il n’a plus de mémoire ; il peut très bien avoir oublié qu’il est votre hôte. C’est un homme