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fois. J’avais voyagé pendant toute la nuit… je n’avais pas dormi : j’avais si grande hâte d’arriver ! (Cette dernière phrase s’adressait à Zina.) J’avais dû subir des disputes, des criailleries aux relais. J’avais même, je l’avoue, fait beaucoup de tapage. C’est tout un poème moderne. Mais passons. Juste à six heures du matin j’arrive au dernier relais, à Iguichevo. Je suis transi, mais bah ! je ne prends même pas le temps de me réchauffer. Je crie : « Des chevaux ! » J’ai fait peur, je crois bien, à la femme du chef de relais : elle avait un bébé au sein, je crains que son lait n’ait tourné. — Le lever du soleil était admirable ! Vous savez, cette poudre de gel, écarlate et argentée ? Je ne faisais attention à rien, je vais à la vapeur ! Je prends des chevaux chez un certain conseiller de collège, — avec qui j’ai failli avoir un duel. On me dit qu’un quart d’heure auparavant est parti de ce relais un certain prince qui voyage avec ses chevaux. Il a passé la nuit au relais. J’écoute à peine, je