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sance, ce pauvre prince ! Savez-vous, Pavel Alexandrovitch, que vous l’avez peut-être sauvé en le conduisant chez moi ? Je ne pouvais me défendre d’un serrement de cœur, pendant ces six années, quand je pensais à lui ! Je… le croiriez-vous ?… je rêvais de lui ! On dit que cette créature, sa geôlière, l’a ensorcelé, perdu… mais enfin vous l’avez arraché des griffes de cette harpie ! Il faut profiter de l’occasion pour le sauver complètement… Mais racontez-moi, une fois encore, comment vous y êtes parvenu. Décrivez-moi en détail votre rencontre. Tout à l’heure, j’étais si agitée ! je n’ai vu que les grandes lignes, mais tous les détails me sont également précieux. Je suis ainsi. J’aime les détails ; dans les plus grands événements, c’est tout d’abord sur les détails que je porte mon attention… et… pendant qu’il achève sa toilette…

— Mais je vous ai déjà tout dit, s’empresse de répondre Mozgliakov, tout prêt à recommencer son récit pour la dixième