Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait ressortir l’éclat rouge des lèvres entre lesquelles brillent, comme des perles enfilées, les dents, petites et régulières. Vous en rêveriez trois jours de suite pour l’avoir vue une fois. Son expression est sérieuse. M. Mozgliakov semble craindre le regard fixe de Zina, du moins il ne lève pas sans embarras ses yeux vers elle. Sa robe est très simple, en gaze blanche : le blanc lui va bien, le blanc lui va très bien… Du reste, tout lui va. À l’un de ses doigts, elle porte une bague de cheveux tressés. À en juger par la couleur, ces cheveux ne sont pas ceux de sa maman. Mozgliakov n’a jamais osé demander de qui sont ces cheveux. Ce matin, elle est silencieuse, triste même, ou tout au moins préoccupée. En revanche, Maria Alexandrovna est en veine de bavardage. Elle jette de temps en temps un très furtif coup d’œil soupçonneux vers Zina, un extrêmement furtif coup d’œil, comme si elle aussi craignait la jeune fille.

— Je suis si contente, Pavel Alexandro-