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à ses écouteuses. Il a vingt-cinq ans. N’était son exubérance, n’étaient aussi ses prétentions à l’esprit, il serait tolérable. Il est bien mis, blond, assez agréable à voir. Nous avons déjà parlé de lui, c’est M. Mozgliakov, jeune homme sur lequel on a fondé des espérances matrimoniales. Maria Alexandrovna lui trouve la tête un peu creuse, mais ne laisse pas de le recevoir très bien. Il se prétend amoureux fou de Zina. Il s’adresse sans cesse à elle, afin d’obtenir un sourire de la jeune fille à force de bons mots et d’entrain. Mais elle le tient à distance, très froidement. Elle est debout auprès du piano, elle feuillette un almanach. C’est une de ces femmes qui produisent un effet général en entrant dans un salon. Elle est merveilleusement belle : grande, brune, d’immenses yeux presque noirs, élancée, une gorge magnifique, des épaules et des mains antiques, des pieds ravissants, une démarche royale. Elle est un peu pâle aujourd’hui, mais cette pâleur