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la porte. Mais Zina, comme exprès et à l’encontre du bon sens et de la sagesse mordassovienne, s’adressa au prince.

— Prince, dit Zina au vieillard qui se lève aussitôt avec déférence, tant il est impressionné par la physionomie de Zina, prince, pardonnez-nous, nous vous avons trompé !

— Mais tais-toi donc, malheureuse ! crie Maria Alexandrovna.

— Mademoiselle, Ma-a-demoiselle, ma cha-armante… murmure le prince étonné.

Le caractère fier, fougueux et mystique de Zina lui fait outrepasser toutes bornes. Elle oublie combien sa mère doit souffrir de cette confession publique ; elle ne voit de salut, de rédemption que dans la franchise, et va jusqu’au bout.

— Oui, nous vous avons trompé toutes deux, prince ; maman, en me décidant à vous épouser, et moi en y consentant. Nous vous avons enivré, j’ai chanté et minaudé devant vous pour vous détrousser, comme