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tout un an de cette fête promise et attendirent impatiemment le charmant petit vieillard. On organisait même des excursions à Doukhanovo, le village du prince, où l’on admirait un ancien château, un parc orné d’acacias imitant des lions, de collines artificielles, de lacs où flottaient de petits bateaux montés par des Turcs en bois qui jouaient de la flûte, de pavillons de Mon-Plaisir, d’autres agréments encore.

Enfin le prince revint, et, à l’étonnement à la déception de tous, il ne passa même pas à Mordassov et s’enferma dans un isolement absolu à Doukhanovo. D’étranges bruits circulèrent. À partir de ce moment, l’histoire du prince devient obscure et fantastique. D’abord on contait qu’à Pétersbourg il n’avait pas réussi dans ses affaires ; que ses héritiers, vu son état sénile, voulaient le pourvoir d’un conseil judiciaire dans la crainte qu’il ne gaspillât de nouveau ses biens. Plus encore : on ajoutait que ces avides coureurs d’héritage avaient voulu