Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il commençait à vieillir et radotait. Sa carrière semblait toucher à sa fin, tous le savaient ruiné, — et voilà que tout à coup une de ses parentes les plus proches, une très vieille dame, qui vivait à Paris et dont il n’espérait pas l’héritage, était morte, après avoir enterré juste un mois avant sa mort son unique héritier. C’étaient quatre mille âmes et une superbe propriété à soixante verstes de Mordassov qui revenaient au prince sans aucun partage. Il partit aussitôt pour Pétersbourg afin de mettre ordre à ses affaires. À l’occasion de son départ, les dames lui offrirent un magnifique banquet par souscription. On se souvient encore com bien le prince fut, ce jour-là, séduisant et spirituel ! C’était un feu roulant de calembours, d’anecdotes extraordinaires. Il promit de revenir le plus tôt possible dans sa nouvelle propriété et jura qu’à son retour il tiendrait table ouverte et donnerait une fête — bals et illuminations — qui n’aurait pas de fin. Après son départ, les dames parlèrent