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On se demandait où et comment il avait pu se décomposer ainsi. Il portait une perruque, des moustaches, des favoris et même une espagnole, le tout faux jusqu’au dernier poil et d’un noir splendide. Il mettait du blanc et du rouge tout le long du jour. On assurait qu’il avait un talent tout particulier pour dissimuler les rides du visage au moyen de petits ressorts cachés sous la perruque. On assurait encore qu’il portait un corset, ayant perdu une côte en sautant maladroitement d’une fenêtre pendant une aventure galante, en Italie. Il boitait de la jambe gauche, une jambe fausse en liège, affirmait-on, la vraie ayant été cassée à Paris, dans une autre aventure. Il se peut qu’on exagérât, mais ce qui est sûr, c’est que son œil droit était en verre : c’était d’ailleurs à s’y méprendre ; on l’eût cru naturel. Les dents aussi étaient en composition. Il passait des journées entières à se laver avec des eaux garanties, à se parfumer, à se pommader. Dès lors, pourtant,