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villes de province, ces chiens innombrables qui entourent surtout ces quartiers où il n’y a rien à garder, rien à voler. La neige fond. Parfois on rencontre quelque mestchanine attardé ou quelque baba vêtue d’une touloupe et chaussée de bottes. Tout cela commence à irriter Pavel Alexandrovitch : mauvais signe, car, quand on est en joie, tout est beau. Pavel Alexandrovitch se rappelle avec dépit que, jusqu’à ce jour, c’était lui qui donnait le ton dans Mordassov. Partout on l’accueillait comme un fiancé, une situation si intéressante, et on le félicitait, et il s’en enorgueillissait. Et voilà que tout à coup on saurait qu’il était en retraite ; on se moquerait de lui partout. On ne peut pour tant pas mettre tout le monde dans la confidence du bal de Pétersbourg, de la colonne mélancolique et du Guadalquivir !

Songeur et triste, il en vient à formuler cette pensée qui lui fait secrètement saigner le cœur depuis quelques instants : « Mais est-ce bien vrai, tout cela ? Tout arrivera--