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qu’elle ne vous comprendra pas. Mais supposons qu’il y ait eu quelque chose de vrai dans cet on dit, que Zina ait écrit ce billet (je crois en effet qu’elle l’a écrit) : admirez donc alors l’habileté de Maria Alexandrovna. Comment étouffer cette affaire scandaleuse ? — Eh bien, cherchez, pas de trace ! pas de preuve ! Maria Alexandrovna ne daigne même pas connaître cette basse calomnie, et, pourtant, Dieu sait la peine qu’elle a dû prendre pour conserver intact l’honneur de sa fille unique ! Que Zina ne soit pas encore mariée, c’est trop compréhensible : quel fiancé aurait-elle pu trouver ici ? Zina ne peut épouser qu’un prince régnant ! Avez-vous jamais vu si parfaite beauté ? Elle est orgueilleuse, c’est vrai… On dit que Mozgliakov l’a demandée en mariage, mais le mariage ne se fera pas. Qu’est-ce donc que ce Mozgliakov ? Il est jeune, assez bien de visage, élégant, Pétersbourgeois, propriétaire de cent cinquante âmes non hypothéquées. Mais il n’est pas fort ! Léger, bavard,