Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très bien en exilant Aphanassi Matveïtch dans le village de cent vingt âmes qu’elle possédait à trois verstes de Mordassov. Disons en passant que cette propriété représentait toute la fortune qui permettait à Maria Alexandrovna de mener si bien, d’un si beau train, sa maison. On comprit sans peine qu’elle avait supporté Aphanassi Matveïtch uniquement à cause de sa place, de ses appointements et… et de certains autres petits revenus. Maintenant que, vieilli, il ne représentait plus ni appointements ni rêve nus, n’était-il pas juste qu’on l’éloignât comme une encombrante inutilité ?

Aphanassi Matveïtch mène à la campagne une vie très agréable. Je lui ai fait visite et j’ai passé avec lui une heure charmante. Il essaye ses cravates blanches, il cire lui-même ses bottes, non par nécessité, mais pour l’amour de l’art, parce qu’il aime que ses bottes soient resplendissantes. Il boit du thé trois fois par jour, va souvent au bain et se tient en joie…