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était plus forte qu’on ne l’avait pensé.

Ici, quelques mots sur Aphanassi Matveïtch, le mari de Maria Alexandrovna. C’est un homme qui paye de mine, la correction même. Mais, dans les cas critiques, il s’effarait comme un mouton qui s’aperçoit qu’on a changé quelque chose à la porte du bercail. Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir à l’ordinaire un air très important, surtout aux dîners d’apparat, quand il mettait sa cravate blanche. La majesté de ces gens-là dure jusqu’au moment où ils ouvrent la bouche : mais alors il faut se boucher les oreilles. Certes, un tel homme est indigne d’appartenir à Maria Alexandrovna. C’est l’opinion générale.

D’ailleurs, c’est seulement grâce au génie de sa femme qu’il se maintenait dans son poste. À mon avis, il y avait déjà longtemps qu’on aurait dû le mettre dans le potager en guise d’épouvantail à moineaux.

Là, et là seulement, il aurait pu être de quelque utilité. Maria Alexandrovna fit donc