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de l’écraser d’un coup. Voilà de l’intelligence, de la tactique ! Maria Alexandrovna se distingua toujours par son irréprochable « comme il faut ». On la cite comme modèle. Pour le comme il faut, elle n’a pas de rivale dans tout Mordassov. Elle pourra d’un mot tuer, déchirer, anéantir une personne qui lui a déplu, — mais sans y loucher, sans soupçonner, croirait-on, l’importance de ce mot. Un tel trait de caractère sent assez la haute société.

Elle a d’excellentes relations. Personne n’est venu à Mordassov sans se louer des réceptions de Maria Alexandrovna. La plu part même de ces visiteurs accidentels sont restés en correspondance avec elle. Il s’est trouvé un poète pour lui faire des vers : Maria Alexandrovna les montre avec orgueil. Un homme de lettres de passage lui dédia une nouvelle dont il avait donné lecture chez la noble dame durant une soirée : cela fit très bon effet. Un savant allemand, venu exprès de Carlsruhe pour