— Oui, vous avez raison. Mais dès qu’il apprendra que j’ai une part dans le testament, il me demandera en mariage. C’est cela, n’est-ce pas, que vous voulez savoir ?
— Seulement alors ? Je croyais que c’était déjà fait.
— Vous savez bien que non ! dit avec impatience Paulina… Où avez-vous rencontré cet Anglais ? reprit-elle après un silence.
— Je me doutais bien que vous m’interrogeriez à son sujet.
Je lui racontai ma rencontre avec M. Astley.
— Il est amoureux de vous, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Et il est dix fois plus riche que le Français ? Qui sait même si le Français a de la fortune !
— Pas sûr. Un château quelque part.
— À votre place, j’épouserais l’Anglais.
— Pourquoi ?
— Le Français est mieux, mais plus vil ; l’Anglais est honnête et dix fois plus riche ! dis-je d’un ton tranchant.
— Le Français est marquis et plus intelligent.
— Qu’en savez-vous ?
Mes questions déplaisaient à Paulina. Je voyais qu’elle voulait m’irriter par l’impertinence de ses réponses. Je lui exprimai aussitôt cette pensée.
— Je m’amuse en effet de vos colères, répliqua-t-elle. Il faut que vous me payiez l’impertinence de vos questions.
— J’estime, en effet, que j’ai le droit de vous poser toute sorte de questions, répondis-je très tranquillement, puisque je suis prêt à payer mes impertinences et à vous donner ma vie pour rien.
Paulina se mit à rire à gorge déployée.
— Dernièrement, à Schlagenberg, vous étiez prêt, sur une parole de moi, à vous jeter, tête baissée, dans le précipice ; et il avait, je crois, mille coudées. Je la dirai