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le joueur

autour de lui d’étranges regards, comme s’il cherchait quelque chose. Mais, n’apercevant rien, il perdait le souvenir de ce qu’il désirait et tombait en torpeur jusqu’au moment où Blanche, gaie, vive, vêtue à miracle, apparaissait, après s’être annoncée par un frais éclat de rire. Elle courait à lui, le secouait, et même l’embrassait, — cela, toutefois, rarement.

Elle plaidait ensuite devant moi la cause du « bon homme » ; elle était même, je vous jure, très éloquente. Elle me rappelait que c’était pour moi qu’elle avait quitté le général, qu’elle était depuis longtemps sa fiancée, qu’elle s’était engagée à lui par serment, qu’il avait abandonné sa famille pour elle, qu’enfin j’étais son ancien serviteur, que je ne devais pas l’oublier, que je devais avoir honte… Je gardais le silence, je me mettais à rire, et tout finit par là ; c’est-à-dire qu’elle me crut d’abord sot, puis elle s’arrêta à la pensée que j’étais bon et d’humeur très coulante. En un mot, je sus mériter la bienveillance de cette respectable fille. Une bonne fille, d’ailleurs, en vérité, — à un certain point de vue. Je l’avais d’abord mal comprise.

— Tu es un homme intelligent et bon, me disait-elle vers la fin, et… et… je regrette seulement que tu sois si sot ; tu n’auras jamais rien. Un vrai Russe, quoi, un Kalmouk !

Elle me chargea plusieurs fois de promener le général, à peu près comme on l’ordonne à un laquais en livrée. Je menais donc le « bon homme » au théâtre, au bal Mabille, au restaurant. Blanche me donnait pour cela de l’argent. Pourtant, le général n’en manquait pas et aimait fort à étaler son portefeuille devant les gens. Peu s’en fallut, un jour, que je ne dusse employer la force pour l’empêcher d’acheter une broche de sept cents francs qu’il avait vue au Palais-Royal et qu’il voulait, coûte que coûte, offrir à Blanche. Qu’était-ce pour elle qu’une broche de sept cents francs ? Le général ne possédait pas