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vous mieux… De quoi voulez-vous parler ?…dit Anton Antonovitch, ne sachant trop lui-même que dire en voyant des larmes paraître dans les yeux de M. Goliadkine.

— Mais vraiment… Ici, Anton Antonovitch… ici, il y a un fonctionnaire…

— Eh bien, je ne comprends toujours pas…

— Je veux dire, Anton Antonovitch, qu’il y a ici un nouveau fonctionnaire.

— Oui… évidemment… votre homonyme…

— Comment s’écria M. Goliadkine.

— Eh bien, votre homonyme… Il s’appelle aussi Goliadkine… N’est-ce pas votre frère ?

— Non, Anton Antonovitch, mais non…

— Hum… excusez-moi… j’ai cru que c’était un de vos proches parents… Savez-vous… il y a une ressemblance de famille…

M. Goliadkine fut saisi d’étonnement… Pendant un instant, il ne put dire un mot. Parler si légèrement d’un fait aussi extraordinaire, aussi monstrueux, aussi unique et qui frapperait même l’observateur le moins curieux ! Parler de ressemblance de famille, quand un être reproduit, l’autre comme l’image d’un miroir !

— Voulez-vous me permettre un conseil Iakov Pétrovitch, continua Anton Antonovitch allez voir un médecin. Allez consulter. Vous avez très mauvaise mine et vos yeux n’ont pas leur expression habituelle.