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M. Goliadkine ne respirait plus. L’inconnu s’arrêta devant la maison où habitait M. Goliadkine. On entendit le bruit de la sonnette et presque aussitôt le grincement du loquet de fer. La porte cochère s’ouvrit, l’inconnu se courba et disparut sous la voûte. Presque au même moment, M. Goliadkine arriva devant la porte, et comme une flèche, bondit dans la cour. Sans écouter le portier qui grommelait, il courut dans la cour tout essoufflé et aperçut aussitôt l’intéressant compagnon qu’il avait un instant perdu. L’inconnu était déjà au bas de l’escalier qui conduisait à l’appartement de M. Goliadkine. M. Goliadkine le suivit en courant ; l’escalier était sombre, humide et sale. À tous les tournants, les locataires avaient entassé des guenilles. Un étranger, qui ne fût pas venu souvent dans la maison et qui se fût trouvé par l’obscurité dans l’escalier, eût été forcé d’y tourner pendant une demi-heure au risque de s’y casser les jambes et eût pesté contre une visite aussi peu commode. Mais le compagnon de M. Goliadkine était sans doute un familier de la maison. Il montait avec allégresse, sans difficulté, avec une connaissance parfaite des lieux. M. Goliadkine l’eut bien vite rattrapé. Deux ou trois fois même le pan du manteau de l’inconnu le frappa sur le nez. Il en fut saisi. L’homme mystérieux s’arrêta droit en face des portes de l’appartement de M. Goliadkine. Il frappa. Pétrouchka