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et qu’on l’obligeait à se déplacer. Il remarqua enfin qu’on le poussait droit vers la porte. Il voulut parler, il voulut agir… mais non il ne désirait plus rien déjà… Il ne fit que sourire, machinalement. Il sentit qu’on lui mettait son manteau, qu’on lui enfonçait son chapeau jusque sur les yeux, puis qu’il était dans le vestibule, dans l’obscurité et le froid, enfin qu’il était sur l’escalier. Il trébucha, et il lui sembla qu’il tombait dans un abîme. Il voulut crier ; et tout à coup il se trouva dans la cour.

L’air frais soufflait sur lui. Il s’arrêta un instant. Les sons de l’orchestre arrivèrent jusqu’à lui. Subitement M. Goliadkine se souvint de tout. Ses forces anéanties parurent lui revenir. Il bondit de l’endroit où il était resté cloué et se précipita dehors, n’importe où, vers l’air, la liberté, droit devant ses yeux.