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Olsoufiévna, et, quand je l’aurais sauvée, je lui dirais : « Ne vous inquiétez pas, madame, ce n’est rien, je viens de vous sauver… »

M. Goliadkine regarde de côté. Il cherche Clara Olsoufiévna et il aperçoit Guerrasimitch, le vieux valet d’Olsoufi Ivanovitch.

Guerrasimitch, de l’air le plus officiel et le plus solennel, se dirige droit vers lui. M. Goliadkine tressaille. Il fait une grimace. Il éprouve une sensation peu précise, mais très désagréable. Il regarde autour de lui machinalement. Il pense à disparaître, rasant les murs, tout doucement comme si de rien n’était, de l’air de quelqu’un qui n’est pas en cause ; mais avant qu’il n’ait eu le temps de se décider, Guerrasimitch est déjà devant lui.

— Voyez-vous, Guerrasimitch, lui dit-il en souriant, vous feriez bien d’ordonner… vous voyez là-bas dans le candélabre cette bougie… elle va tomber, Guerrasimitch… alors savez-vous… il faut donner l’ordre de la redresser… mais c’est qu’elle va tomber tout de suite, Guerrasimitch…

— La bougie ? non la bougie est toute droite, mais il y a quelqu’un qui vous demande là-bas.

— Qui me demande là bas, Guerrasimitch ?

— Ah, je ne sais pas vraiment ; un domestique… Iakov Pétrovitch Goliadkine, n’est-il pas ici ? m’a-t-il dit. Bon, appelez-le pour une affaire très urgente. Voilà.