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CHAPITRE IV

C’était un jour solennel que le jour anniversaire de Clara Olsoufievna, fille unique du conseiller d’Etat Bérendeiev, l’ancien bienfaiteur de M. Goliadkine. On le célébrait par un grand dîner, un dîner magnifique, comme on n’en avait pas vu depuis longtemps chez aucun des fonctionnaires logés près du pont Ismailovsky et aux alentours : c’était un festin de Balthazar plutôt qu’un dîner. L’allure en était babylonienne par la splendeur, le luxe et l’étiquette. Il y avait, du Cliquot, des huîtres et des fruits de chez Elisseiev. Les plus hauts fonctionnaires étaient invités. Cette journée solennelle que célébrait un si magnifique dîner, se terminait par un bal brillant, un bal de famille, un petit bal de parents. Mais c’était quand même un bal brillant par le ton, l’instruction et l’éducation des invités. Il y a d’autres bals semblables, c’est certain, mais ils sont rares. Ce sont plutôt des fêtes de famille que des bals. Il leur faut une maison comme celle du conseiller d’État Bérendeiev. Ce n’est point assez : je ne crois pas que tous les conseillers d’État en puissent