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avec vos rapports officiels, qu’avez-vous, monsieur ?

— Rien, André Philippovitch… absolument rien. Une fillette mal élevée, rien de plus.

— Quoi donc ?… quoi donc ?

André Philippovitch était profondément étonné. M. Goliadkine, toujours sur l’escalier, semblait prêt à lui sauter à la gorge. Il remarqua l’air embarrassé de son chef de bureau. Presque malgré lui, il fit un pas en avant. André Philippovitch se recula. M. Goliadkine remonta deux marches. André Philippovitch promène des regards inquiets. D’un bond M. Goliadkine remonte l’escalier. André Philippovitch bondit plus vite encore jusqu’à la porte qu’il fait claquer derrière lui. M. Goliadkine reste seul. Il ne voit plus clair. Il est tout à fait perdu, effaré comme au souvenir d’un événement insensé.

« Peuh… Peuh… » chuchote-t-il avec un rire forcé. Au bas de l’escalier il entend des voix et des pas. Probablement ce sont de nouveaux invités d’Olsoufi Ivanovitch. M. Goliadkine se ressaisit un peu. Il relève rapidement son col de fourrure, se dissimule le plus qu’il peut et, très vite, en sautant, il descend l’escalier. Il se sent faible et comme engourdi. Tel est son embarras, qu’arrivé sur le perron, il n’attend pas sa voiture, mais traverse, pour la rejoindre, la cour sale. M. Goliadkine est devant sa voiture. Il se prépare à y monter. Dans sa pensée,