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— Je parle d’André Philippovitch, messieurs, continua-t-il, ayant terminé avec le garçon et parlant cette fois sur un ton très sérieux. Les deux fonctionnaires se regardèrent d’un air important.

— Il est encore au bureau, et vous a demandé, Iakov Pétrovitch, répondit l’un d’eux.

— Il est au bureau, hein ? Très bien, qu’il y reste, messieurs. Il m’a demandé, hein ? — Il vous a demandé, Iakov Pétrovitch ; mais qu’avez-vous donc, vous êtes parfumé, pommadé, d’une élégance...

— C’est comme ça, messieurs, c’est comme ça, répondit M. Goliadkine qui regarda de côté et fit semblant de sourire.

Lorsqu’ils virent sourire M. Goliadkine, les deux fonctionnaires éclatèrent de rire. M. Goliadkine se fâcha un peu :

— Je vous dirai amicalement, messieurs, commença-t-il après un court silence, et comme s’il se décidait à une révélation, vous me connaissez, messieurs, mais vous ne me connaissez que sous un seul aspect... en pareil cas, on ne peut faire de reproches à personne et j’avoue que la faute en est un peu à moi.

M. Goliadkine serra les lèvres et regarda d’un air important les deux fonctionnaires, qui échangèrent entre eux de nouveaux regards.

— Jusqu’à ce jour, messieurs, vous ne m’avez pas connu. Une explication à cette heure et en