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père que vous me permettrez maintenant de vous souhaiter le bonjour…

— Hum…

— Oui, Christian Ivanovitch, je vous comprends maintenant tout à fait, répondit M. Goliadkine, posant un peu devant le médecin… Permettez-moi de vous dire au revoir.

M. Goliadkine salua et sortit du cabinet, laissant Christian Ivanovitch très étonné. Comme il descendait l’escalier du docteur, il sourit et se frotta joyeusement les mains. Sur le perron il aspira l’air frais avec une sensation de liberté. Il était prêt à se trouver le plus heureux des hommes. Il allait se diriger tout droit vers son bureau. Mais tout à coup, sa voiture s’avança bruyamment près du perron ; il leva les yeux et se souvint…

Pétrouchka ouvrait déjà la portière. M. Goliadkine fut saisi d’une sensation étrange et désagréable. Il rougit un peu. Il éprouvait comme des picotements… Déjà il mettait le pied sur le marchepied de la voiture, lorsqu’il se retourna et regarda les fenêtres de Christian Ivanovitch… Voilà bien… Christian Ivanovitch était à la fenêtre ; il caressait de la main droite ses favoris et l’examinait avec une grande curiosité.

— Ce médecin est un sot, pensa-t-il, en s’installant dans la voiture. Il est tout à fait sot… Peut-être soigne-t-il très bien ses malades…