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Asseyez-vous, asseyez-vous, continua Christian Ivanovitch. Et il réussit à faire asseoir M. Goliadkine sur une chaise.

M. Goliadkine s’assit, mais sans quitter des yeux Christian Ivanovitch, qui, d’un air très mécontent, se mit à marcher dans son cabinet de long en large. Ce fut ensuite un long silence.

— Je vous suis très reconnaissant, Christian Ivanovitch, et je sens vivement ce que vous avez fait pour moi. Je n’oublierai jamais votre bienveillance, Christian Ivanovitch, dit enfin M. Goliadkine qui se leva d’un air offensé.

— Assez, assez, je vous dis : assez, reprit Christian Ivanovitch plutôt sévèrement, en rasseyant à nouveau M. Goliadkine !… Eh bien, qu’avez-vous ? Racontez-moi vos ennuis. De quels ennemis parlez-vous… Que se passe-t-il chez vous ?

— Non, Christian Ivanovitch, laissons cela maintenant, répondit M. Goliadkine en baissant les yeux. Remettons cela à une autre fois, à une heure plus favorable, quand tout sera démontré, quand le masque de certaines personnes sera tombé, quand tout sera clair… Et maintenant, après tout ce qui nous est arrivé, vous avouerez vous-même, Christian Ivanovitch… Permettez-moi de vous souhaiter le bonjour, Christian Ivanovich…

Et, cette fois, M. Goliadkine se leva résolument et prit son chapeau.