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Lorsqu’il revint à lui, il vit que les chevaux l’emportaient sur une route inconnue. Elle était bordée de chaque côté par de sombres forêts. Le paysage était vide et désert.

Tout à coup, il crut s’évanouir de peur. Deux yeux de feu le regardaient dans l’obscurité, et ces deux yeux brillaient d’une joie diabolique et de sinistre augure…

Ce n’est pas Christian Ivanovitch… Qui est-ce ?… Est-ce lui ?… Lui ?… C’est lui, Christian Ivanovitch, mais pas l’ancien… c’est un autre Christian Ivanovitch… c’est un terrible Christian Ivanovitch.

— Christian Ivanovitch… je… je crois que je n’ai rien fait, Christian Ivanovitch, commença-t-il, timidement, tout tremblant, pour exciter par sa soumission et son humilité la pitié du terrible Christian Ivanovitch.

— Vous allez avoir un logement gratuit, avec éclairage, chauffage et service… c’est plus que vous ne méritez… Telle fut, sévère comme un verdict, la réponse de Christian Ivanovitch…

M. Goliadkine poussa un cri et prit sa tête dans ses mains. Hélas !… Il avait pressenti cela depuis longtemps…

Fin