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regard en arrière. Tout l’escalier brillamment éclairé était garni de monde, partout des yeux curieux le fixaient. Olsoufi Ivanovitch lui-même, sur le palier d’en haut, présidait, assis dans son fauteuil confortable et regardait avec une attention pleine d’intérêt. Tous étaient en attente.

La foule gronda d’un murmure impatient lorsque M. Goliadkine se retourna.

— J’espère n’avoir rien… rien fait de blâmable... rien qui puisse mériter un jugement sévère… exciter le scandale… dans mes relations officielles, fit M. Goliadkine timidement.

Des éclats de voix, un grand tapage s’élevèrent. Chacun hochait la tête négativement. Des larmes jaillirent dans les yeux de M. Goliadkine.

— Voyez… je suis prêt… je me confie entièrement... je confie ma destinée à Christian Ivanovitch.

Ainsi M. Goliadkine affirme qu’il confie sa destinée à Christian Ivanovitch. Un cri de joie terrible, assourdissant, fut poussé par ceux qui l’entouraient et fut répété, comme un écho de mauvais augure par la foule en attente… Christian Ivanovitch, d’un côté, André Philippovitch de l’autre prirent M. Goliadkine sous le bras et le firent monter dans la voiture. Son double, selon sa lâche nature, le poussait par derrière.

Le malheureux M. Goliadkine aîné jeta un