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sait pas vers la porte, mais tout droit vers le confortable fauteuil d’Olsoufi Ivanovitch. D’un côté du fauteuil était Clara Olsoufievna, pâle, languissante, triste, mais richement vêtue. Ce qui frappa surtout M. Goliadkine, ce furent des fleurettes blanches qui faisaient beaucoup d’effet sur ses cheveux noirs. De l’autre côté du fauteuil était Vladimir Séméonovitch en habit noir, qui portait à la boutonnière sa nouvelle décoration. On conduisit M. Goliadkine, qu’on poussait sous les bras, droit vers Olsoufi Ivanovitch. M. Goliadkine jeune, qui avait pris un air convenable et bienveillant qui rassura beaucoup notre héros, le tenait d’un côté ; de l’autre, André Philippovitch avec une mine toute majestueuse,

« Que signifie cela ? » se demanda M. Goliadkine. Quand il s’aperçut qu’on le dirigeait vers Olsoufi Ivanovitch, il fut illuminé comme par un éclair. Il pensa à la lettre interceptée. Lorsqu’il parut enfin devant le fauteuil d’Olsoufi Ivanovitch, son angoisse était inexprimable.

« Que va-t-elle faire maintenant ?… Certes le style en était hardi, du moins sincère et non sans noblesse. Je dirai que… et puis… » Mais ce que M. Goliadkine eût pu redouter n’arriva pas. Olsoufi Ivanovitch parut fort bien accueillir M. Goliadkine. Il ne lui tendit pas la main, mais il secoua, en le regardant, sa respectable tête grise.