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fait rien, Iakov Pétrovitch, murmura humblement M. Goliadkine.

— Non, monsieur, c’est impossible.

— Iakov Pétrovitch, on vous demande, on vous demande instamment ; on vous attend. Faites-nous le plaisir, m’ont-ils dit, de nous amener Iakov Pétrovitch. Voilà.

— Non Iakov, Pétrovitch, moi voyez-vous… je vais plutôt… je ferais mieux de rentrer à la maison, Iakov Pétrovitch, répondit M. Goliadkine, que tout à la fois cuisait la honte et gelait l’effroi.

— Non, non, non, non, gazouilla le répugnant ; non, non, non, pour rien au monde. Venez, dit il résolument, et il conduisit vers le perron M. Goliadkine aîné.

Celui-ci voulut résister. Mais comme tout le monde le regardait, il sentit la bêtise de s’obstiner, il marcha vers le perron. Marcher ? Lui-même ne savait pas où il allait. Il n’était pas revenu à lui, lorsqu’il se trouva dans le salon, pâle, échevelé, inquiet, le regard trouble. Horreur ! le salon et toutes les autres pièces étaient bondés d’invités. Il y avait là tout un parterre de dames. Tout ce monde se pressait autour de M. Goliadkine, cherchait M. Goliadkine, poussait M. Goliadkine par les épaules. Il remarqua fort bien qu’on le dirigeait vers un point déterminé. Cette idée lui traversa l’esprit : « ce n’est pas du côté de la porte. » En effet, on ne le pous-