mon esprit la fermeté dans l’abîme insondable de mes malheurs. Je suis perdu, anéanti complètement. Cela va de soi, cela est dans l’ordre, il n’en peut être autrement. D’abord, ma place est perdue, absolument perdue, ne peut pas ne pas être perdue… Enfin, en admettant même que de ce côté on puisse arranger les choses… Enfin, admettons qu’on puisse arranger les choses. Le peu d’argent que j’ai suffira peut-être au début. Il faudra un petit logement, quelques meubles. D’abord Pétrouchka ne sera plus là. Je me passerai facilement de ce vague coquin. Je ne serai que sous-locataire. Allons, ça sera très bien. On entre et on sort quand on veut. Pétrouchka ne pourra plus grogner que je rentre trop tard. Voilà, c’est agréable d’être sous-locataire. Oui, admettons, tout cela est fort bien, seulement ce n’est pas ça que je veux dire, pas ça du tout. »
Sa situation exacte lui revint à la mémoire. Il regarda autour de lui. « Ah, mon Dieu, Seigneur ! mon Dieu ! Mais qu’est-ce que je raconte à présent ? fit-il. Tout est perdu ! » Il prit entre ses mains sa tête toute brûlante.
— Est-ce que vous allez bientôt repartir, monsieur ? fit une voix au-dessus de lui.
Il tressaillit, son cocher était devant lui, trempé et grelottant. Poussé par l’impatience et le désœuvrement, il avait eu l’idée de voir ce que faisait son client derrière les tas de bois.